Bonjour
Voici plus d'un an que Grand PHA a été mis à l'eau (Septembre 2012) après une trop longue gestation (mise en chantier à l'été 1999 avec une parenthèse de presque 5 ans pour cause travail en Martinique qui a permis notamment de construire et de tester sur un Tiki30 un gréement libre Swing Wing rig implanté sur chaque coque et de le ramener en Bretagne en 29 jours).
J'avais hâte de terminer cette construction et la fabrication des wishbones en a souffert. Les plans du gréement indiquant une section en alu de 25mm identique à ceux du Tiki30!!, j'ai légèrement surdimensionné les sections, mais pas assez, d'autant que j'avais considérablement augmenté la courbure : un arc de 90° pour les plus grands wishbones qui étaient constitués de 2 wishbones de 3m accouplés avec une latte de bois dur renforcée verre-époxy qui devait faire fusible en cas d'efforts trop important. En fait j'ai été très étonné de constater qu'aucune de ces jonctions n'ait cassé. La casse a eu lieu à la fin de chaque wishbone avant, juste devant la zone de jonction qui était renforcée.
Ce sont les wishbones de la voile (au vent) bâbord qui ont cassés en premier alors que la voile était perpendiculaire à l'axe de la coque avec une incidence nulle avec un vent de 20kts et rafales à 25kts. Ce qui montre qu'un tel profil lenticulaire très prononcé (la déviation du vent dans les premiers panneaux était de 90°) génère une force vélique énorme (d'après le simulateur de la NASA (
http://www.grc.nasa.gov/WWW/k-12/airplane/foil3.html) trois fois supérieur à une voile très plate ayant 10° d'incidence. La voile tribord qui était en partie déventée a brisée également ses wishbones juste après que nous ayons affalé la voile bâbord.
Ayant pris conscience que de telles voiles sans wishbones deviennent quasiment inutilisables, pour la grande croisière j'ai décidé de supprimer le système de creux réversible et de faire faire des wishbones d'une seule pièce donc très solides car sans articulations (peut-être que dans quelques mois ou années je reprendrai mes expérimentations avec moins d'angle de déviation.
En avril dernier depuis la rade de Brest nous avons enfin débuté notre grande balade par un galop d'essai jusqu'à l'île de Wight, puis début mai nous avons rejoint Bayona en Espagne puis Culatra au Portugal et avons passé l'été et le début de l’automne aux Canaries. Ensuite en novembre en 19 jours nous avons rejoint St Martin puis poursuivi jusqu'au nord des Bahamas où nous sommes mouillés près de Green Turtle cay à Abaco en naviguant dans de splendides eaux cristallines de faible profondeur parsemées d'une infinité de mouillages possibles .
Rien n'a cassé, le seul problème est l'usure du au raguage des wishbones sur les mâts et des balancines ou des lazzy jack sur les voiles que je m'efforce de minimiser au maximum.
Ça marche très fort au portant et bien souvent au delà de 20kts de vents l'on se contente que d'une seule voile (celle au vent qui se place entre les 2 mâts) ce qui évite notamment de surfer trop vite sur les vagues à plus de 16kts (ce qui parfois permet à l'hélice fixe embrayée en marche arrière d'entrainer à grande vitesse le moteur!!!!).
Au vent de travers les 2 voiles ne portent bien que si la voile au vent est ouverte au maximum, sinon dès que le vent forci l'on affale la voile sous le vent.
Ce qui est étonnant c'est qu'aux allures de près ou plus précisément de faible incidences ( du travers au près) la voile s'oriente d'elle même au bon angle sans qu'il n'y ait de tension sur les écoutes. Il suffit de simplement reprendre le mou avec une très légère tension .
Par rapport à une voile classique les voiles sont toujours beaucoup plus ouvertes à toutes les allures.
Cette voile se rapproche du gréement Gallant , mais garde les avantages des voiles de jonque avec ses écoutes qui relient toutes les extrémités des wishbones ce qui simplifie les réduction ou augmentation de voilure et évite un dévers trop important dans les hauts.
Contrairement au bord d'attaque ouvert du gréement Gallant, celui ci est fermé évitant que la zone de très basse pression créée par le contournement du vent autour du guindant ne soit détruite par l'air à pression ambiante venant de l'intérieur de l'aile.
Et au portant l'effort des écoutes est réparti sur l'ensemble des extrémités des wishbones et non concentré sur l'extrémité du premier wishbone.
Par rapport aux premiers essais avec les doubles wishbones articulés, il est certain que par petit temps l'on se traine car les voiles développent beaucoup moins de puissance. Mais au moins je peux traverser les océans l'esprit tranquille sans risquer de casser des wishbones.
Voici quelques photos qui viennent d'être prises ces derniers jours aux Bahamas :



Bertrand