Il est certain qu'un mât libre absorbe les contraintes de façon plus souple qu'un mât haubanné.
Il ne faut néanmoins pas oublié que l'énergie qui est "absorbée" par cette flexion est de l'énergie perdue pour faire avancer le bateau.Si la structure est bien pensée, l'énergie "absorbée" est restituée partiellement lorsque la structure reprend sa forme d'équilibre. Un peu comme pour le saut à la perche où la perche se cintre en absorbant l'énergie de la course pour la restituer en fouet lors du saut.
On a un peu le même phénomène en Finn au près où le bateau peut prendre de l'énergie dans le gréement pour monter la vague.
Quand à la voile en elle-même c'est la façon dont les contraintes sont réparties qui distingue la voile de jonque de la voile Marconi. Sur une voile Marconi, les contraintes sont concentrées en 3 points. Sur une voile de jonque, elles le sont en de multiples points et ce, notamment, parce que les lattes sont raides. Avec des lattes "molles", on concentre les contraintes sur 3 points, comme sur une Marconi. Sur le Marconi une bonne partie de l'effort est reprise par le mât ou l'étai. Sur une aile de Jonque à nervure souple, l'utilisation d'une double écoute pour chaque nervure (l'une en arrière de la nervure proprement dite) l'autre au bord de fuite (la chute) au bout du volet permet de répartir les efforts de la nervure entre trois points : le mât, l'arrière de la nervure et le bord de fuite. Les lattes (partie arrière entre l'arrière de la nervure et le bord de fuite) ne doivent pas être molles mais elles peuvent avoir pas mal de souplesse.
Ce n'est pas pour rien que les chinois utilisaient le bambou qui est un matériau aux caractéristiques mécaniques surprenantes tant en résistance qu'en raideur.Oui , mais ils n'ont à ma connaissance pas résolut le problème de la courbure qui augmente avec l'augmentation du vent.
Cependant, sur une vieille photo, j'ai vu une voile de Jonque avec l'écoute qui était prise non pas sur le bord de fuite mais une bonne longueur plus en avant.
La philosophie de la voile de jonque n'est pas la souplesse, mais la répartition des contraintes.
Je ne crois pas à une philosophie de la voile de Jonque, c'est juste le résultat de 4000 ans d'évolution lente pour adapter un outil à un besoin. Il y a d'ailleurs de grosses différences comme pour les bateaux de travail à la voile occidentaux.
En ce qui concerne la voile de jonque épaisse, il me semble indispensable que le profil reste stable quelques soient les conditions de vent et de mer... (J'attends de voir des photos de la voile du Sense 43 dans des conditions musclées...)Pourquoi ? Il faut que le gréement reste "suffisamment" efficace mais la "stabilité" du profil n'est pas forcément la seule solution possible. Pourquoi s'imposer des contraintes à priori ?
Théoriquement, au contraire, il serait préférable, comme en aéronautique, que le profil s'adapte à la vitesse (plus mince plus petit et moins cambré lorsque la vitesse augmente). Je n'ai pas (encore) trouvé de solution pour y arriver!
