Bonsoir
Je suis rentré à la maison et je me suis précipité pour lire avec attention l'article sur les régates de "comparaison" entre un Sense Aile et un Sense Classique.
Bien que se soit très intéressant, je suis resté sur ma faim. Mon impression a été que cette comparaison, pour intéressante qu'elle soit, maintenait un certain nombre de biais qui empêchaient une analyse scientifique des résultats. Je dois être déformé par un passé d'expérimentations au niveau international.
La question que j'ai posée (je n'arrive pas à me citer , ce qui est un comble compte tenu de la qualité de l'auteur

) sur ce que l'on comparait me parait particulièrement judicieuse. (Comme d'habitude je suis d'accord avec cet autre moi particulièrement intelligent perspicace....

)
D'après l'article en référence:
http://www.claris-photo.com/blog/protot ... prototype/La surface de l'aile fait 5m2 de moins que la surface des voiles Marconi. Sur une surface de 86,40M2 cela fait presque 6%. (Comme la portance est proportionnelle à la surface nous pouvons estimer le biais à 6%) (D'après une autre source journalistique la différence serait de 3m2 seulement)
Si l'on rajoute que l'aile est géométriquement quasiment figée (ce qui n'est pas totalement vrai car il serait possible de jouer sur la tension de l'écoute et sur celle de la drisse - mais personne ne savait faire dans l'équipage) alors que sur le gréement Marconi il est possible de "travailler" la voile pour l'adapter au temps. (Au pifaumètre à mercure et au doigt mouillé de par mon expérience de régatier de petit temps je minimise le biais à 10% - j'ai parfois doublé en monotype des bateaux scotchés à plus de 2 nœuds)
L'équipage du Sense "classique" est rompu à l'utilisation d'un gréement Marconi et que l'équipage du Sense Aile découvre l'engin (par exemple, les équipages de la coupe de l'America ont pris plusieurs années pour domestiquer l'aile !) (Là encore au pifaumètre à mercure et au doigt mouillé je minimise le biais à 10% - la différence entre un "bon" équipage et un moyen dans le petit temps)
l'équipage du Sense Aile a eu du mal à comprendre le réglage fin de l'aile. Cela peut laisser prévoir que le réglage fin d'une voile épaisse nécessite d'autres indicateurs et d'autres habitudes que celui d'un gréement Marconi.
( Un bateau équipé d'une aile a principalement deux réglages (sur un gréement type Matin Bleu) :
- l'incidence de l'aile vis à vis du vent,
- l'angle entre l'aile et l'axe de référence du bateau (ou bien, ce qui est équivalent- si l'incidence est déterminée, l'angle entre l'axe de référence de bateau et l'axe du vent - angle au vent).
Pour cela l'équipage devrait disposer de deux types d'informations :
- un indicateur de l'incidence de l'aile (incidence-mètre, fil de laine ou girouette devant le profil...).
- Un indicateur de l'angle entre l'axe de référence et la voile épaisse. (La position de la bôme est un bon indicateur de l'angle entre la voile épaisse et l'axe de référence du bateau.
En complément l'équipage devrait disposer soit d'un indicateur de la performance du bateau en fonction de son angle au vent, indicateur de VMG par exemple, ou bien de l'angle optimal d'incidence et d'angulation de la voile épaisse en fonction des conditions (une espèce de polaire)
Il est évident que les deux réglages sont liés et dépendent en particulier de l'état de la mer. Il doit cependant être possible de fournir aux équipages des "polaires" donnant pour un état de mer donné et une force de vent donnée l'incidence quasi-optimale, l'angle au vent quasi-optimal et la vitesse cible.
Là encore, toujours au pifaumètre à mercure et au doigt mouillé, je minimise le biais à 10% - différentiel de performance entre un équipage chevronné et des néophytes.
Le biais, par défaut, apparemment cumulatif de l'ordre de 30%!
Il est particulièrement intéressant et prometteur que dans ses conditions expérimentales qui ne lui était pas très favorable, et du petit temps, le Sense Aile ait gagné toutes les manches!
L'usage du spi sur le Sense Marconi n'apporte pas grand chose. Les surface de voile deviennent très différentes et je ne suis pas certain que les propriétaires de Sense 43 utilisent beaucoup leur spi. (l'équivalent d'un spi sur un gréement de voile épaisse pourrait être de disposer d'une importante surface de voile de réserve et de jouer sur la surface de la voilure.
Eric