Nouvel inscrit sur le forum- que je suis cependant attentivement depuis quelques mois - je voudrais vous faire partager mes travaux sur un nouveau type de gréement, dont je peux parler librement depuis qu'ils ont fait l'objet d'un dépôt de brevet (inutile de chercher dans les bases de données, il n'est pas encore publié)
Ces travaux ont porté en grande partie sur la réalisation de nervures permettant de reproduire des profils de type Wortmann FX 74-Cl5-140 MOD, Selig S1223 ou encore Eppler 420, dont je vous laisse le soin de récupérer les polaires.
Pourquoi ces profils en particulier?
Si j'ai la conviction que les voiles ailes révolutionneront à terme la plaisance voire le transport maritime, il me semble également impératif que ces ailes affichent des performances spectaculaires pour convaincre un milieu relativement conservateur. Or la performance globale d'une voile ne peut s'apprécier simplement au regard de la portance générée rapportée à la surface de voile, mais doit prendre en compte la globalité de la force propulsive au regard des forces de dérive et du couple de chavirage générés. Tout ces éléments dépendent des distributions de portance et de trainée des profils 3D. Or, sans aller ici trop loin dans la théorie, ces distributions, dans des conditions similaires de vent, peuvent être améliorées par l'utilisation locale des profils 2D les plus performants (en terme de portance maximum et de rapport portance/trainée), principalement sur le bas du profil 3D. Or il me semble que c'est là le principal défaut des inventions actuellement proposées : les profils reproduits ne sont pas assez performants et spectaculaires.
La reproduction de ce type de profil est cependant complexe :
Les profils les plus performants sont dissymétriques (totalement dissymétriques dans le sens ou même le nez du profil ne comporte pas d'axe de symétrie) et fortement courbés. Cela induit en particulier une différence importante entre la longueur de l'intrados et de l'extrados, ce qui pose problème quand on doit changer d'amure. Si on exclut les ailes rigides à volet, la plupart des inventions actuellement proposées contourne le problème en désolidarisant l'intrados et l'extrados du profil sur la queue du profil et/ou en utilisant une enveloppe élastique autour de la nervure, ce qui induit nécessairement des problème de robustesse de l'ensemble.
Dans mon cas le parti pris est opposé :
L'enveloppe n'est pas élastique mais seulement flexible, donc de longueur fixe, et est par ailleurs solidaire sur la queue du profil. L'enveloppe peut donc être réalisée à l'aide d'une latte continu autour de la nervure. Afin de contrôler parfaitement la déformation de cette enveloppe, on utilise des fonctions splines cubiques afin de déterminer un ensemble de points de contrôle équidistants permettant d'obtenir une déformation identique au profil recherché. Un mécanisme totalement rigide est ensuite émulé afin de permettre les déplacement des différents points tout en garantissant leur équidistance.
Les plus familiers avec les fonctions splines ne manqueront pas de remarquer que la forme de la courbe obtenue dépend autant des coordonnées des points de contrôle que des tangentes en ces points (pour vous en convaincre, pliez une tige flexible puis modifiez l'orientation des tangentes). Par conséquent, le mécanisme proposé intègre localement des surfaces permettant de contraindre la courbure de l'enveloppe autour des points de contrôle, ce qui in fine :
- impose l'unicité de chaque pièce du mécanisme
- impose que le profil est totalement stable dans la forme recherché et instable dans toutes les étapes intermédiaires
- impose qu'on ne cherche pas à faire varier la cambrure du profil au delà du profil recherché : on "se contente" de reproduire fidèlement le profil recherché dans 2 positions symétriques. Des butées sont ainsi prévues par le mécanisme pour assurer la stabilité dans la position recherchée.
L'ensemble ainsi obtenu est donc constitué d'un mécanisme rigide et d'une enveloppe flexible totalement contrainte par le mécanisme et qui en particulier ne glisse pas sur celui-ci. Il n'y a donc pas de friction entre les 2 ce qui permet de gagner en robustesse et en fiabilité.
Pour ceux qui sont arrivés jusqu'ici sans avoir trop mal au crâne, vous pouvez jeter un coup d'œil au pièces jointes représentant le mécanisme sans l'enveloppe (pour un profil FX74CL5MOD reproduit avec 11 points de contrôle et une tolérance de 0.01%) ainsi qu'une proposition de forme pour l'ensemble de l'aile 3D. Notez que le mat, invisible sur le schéma, est bien entendu contenu à l'intérieur du profil 3D.
Si certains souhaitent obtenir des précisions, ont de bonnes idées ou des suggestions, n'hésitez pas à m'en faire part. Le projet est encore en phase de maturation et je ne dévoile pas tout pour le moment.
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