s'il renseigne sur l'origine des multicoques, les voiles utilisées sur ces pirogues rapides sont tout à fait étonnantes pour certaines.
Le prao des îles Mariannes
(1 000 milles au Nord de la Nouvelle-Guinée, apparu voici plus de 3000 ans)

"une coque formée d’un tronc creusé, de deux planches latérales cousues et de deux étraves symétriques, également cousues. Le mât est maintenu par un contrefort qui prend appui sur les raidisseurs des bras du flotteur au vent, et tenu par un étai fixé au même endroit…Notez la dissymétrie des coques, favorable à une meilleure remontée au vent …"
Praos de l'archipel Bismarck
Deux types de praos, de grande taille, utilisés en Indonésie.
"Les voiles étaient faites de feuilles tressées – donc assez raides. L’ensemble pouvait être balancé autour de son point d’attache en haut des mâts, en fonction de la meilleure prise au vent suivant l’allure et la force du vent."
"On peut remarquer la même disposition sur le maintien des mâts, tenus par des arcs-boutants et un étai au vent. Le détail du plan de la coque d’un «Lia-No» des Louisiades montre des fargues à clins qui protègent la coque des embruns, et les sections idéales de la carène, en demi-cercle, réalisant ainsi un modèle parfait de réduction de la surface mouillée."

Prao Bismarck

Prao des Louisades
Catamaran des Fidji

"A l’image de nos multicoques modernes, les étraves sont verticales. Sur les catamarans de grande taille, l’espace entre les coques était recouvert d’un pont. Le voilier est dirigé par deux gouvernails, un sur chaque coque. La voilure triangulaire est posée sur la coque sous le vent, l’autre sert de balancier. Pour virer de bord, la voile est carguée sur la vergue haute, le mât légèrement relevé et la voilure portée sur l’autre côté."
Catamaran des Tonga

"De grande taille (de 15 à 25 mètres), ces navires recevaient jusqu’à 150 passagers…Généralement, le pont est équipé d’une hutte demi-circulaire et d’un foyer sur l’avant, au pied du mât, pour la cuisine. Le mât est assez court, muni d’une fourche ; il est maintenu par deux outriggers latéraux rappelant le gréement de nos 60 pieds IMOCA à mât-aile. Pour de courts louvoyages, la voile vient naturellement contre le mât, comme sur les voiles latines, «à la mauvaise main», mais pour des bords prolongés, le mât bascule à la verticale afin de faire passer la voile sous le vent. Les deux avirons sont toujours positionnés sous le vent."
Trimaran de Zanzibar

"Celui-ci a été relevé à Zanzibar au début du XXe siècle. Si la voile à bordure libre est d’inspiration arabe, la conception du voilier est issue de l’Indonésie……La voile est maintenue sur un mât court, dans l’axe du bateau, et passe sur l’autre amure au louvoyage. D’une longueur de 7 à 9 mètres, ces engins rivaliseraient de vitesse avec nos modernes multicoques."
L'article de V&V en PDF
L'article sur le site V&V
Le blog de François Chevalier
* François Chevalier est architecte naval. Il a collaboré de nombreuses années aux Cahiers du Yachting, à Voiles et Voiliers en tant que journaliste et a écrit plusieurs ouvrages sur l’histoire de la plaisance qui lui ont valu plusieurs prix littéraires. Il a également été professeur d’université. Son travail d’illustrateur d’ouvrages auprès de plusieurs maisons d’édition l’a aussi conduit à effectuer des travaux de cartographie et de graphiste. Il avait notamment réalisé les plans de bateaux de Yachts Classiques aux Editions du Chêne. En parallèle, il réalise des restaurations de yachts et autres navires.